vendredi 4 août 2017

Du besoin de disparaître de soi

Je remercie mon intelligente, non pour mon savoir et mes connaissances, mais pour ma façon de penser et d’agir.
Je suis surprise de constater à quel point j'ai une capacité à la résilience

Je me souviens, il y a quelques semaines, j’étais consciente de vivre une des plus belles périodes de ma vie. Je me sentais bien dans mon corps, l’activité d’artiste me remplissait de bonheur, mon cœur était libre et j’appréciais mon indépendance.

Aujourd’hui, tous mes projets ainsi que mes désirs d’hier s’effacent et je dois remettre mes accessoires d’artistes dans la noirceur de mes placards. Heureusement, je sens déjà la naissance en moi du plaisir à créer des nouveaux projets

Malgré l’adversité j’apprends à rebondir et ma joie de vivre ne s’éloigne jamais trop longtemps afin de me donner le courage de continuer.
Ma tristesse et ma joie se croisent régulièrement, comme dans le mouvement des pas d’une danse.
http://gravolin.blogspot.ca/2017/06/est-ce-que-la-joie-est-plus-forte-que.html

J'ai fait l'acquisition de lunettes de natation, elles sont vertes comme une grenouille, je me suis fait bien rire en me regardant dans le miroir.
Quand j'étais petite fille, je me sentais comme un poisson dans l’eau, j’adorais ramasser des sous dans le fond d’une piscine et j'étais surprise cette semaine de retrouver le plaisir de patauger comme jadis. Je veux réellement poursuivre cette activité à l’automne avec Arlette et Cybèle.

Je suis mauditement avancée dans mon déménagement et ma nouvelle vie.
Cybèle qui a l'efficacité d'une vraie secrétaire comptable s'occupe des comptes et de la paperasse. Emmanuelle garde l'oeil sur la direction de tout ''le tralala'' comme une grande fille et moi, en étant à la présidence, je gère-mène (Germaine) tout ce petit monde qui font partie de ma vie.

Un ami m’aide énormément,...

Imaginez…
Un ami qui a le sens de l'organisation, habile de ses mains et perfectionniste à l’extrême qui s’offre pour m’aider à déménager. Il est tout à fait le genre d’homme dont toute femme vivant seule rêve d’avoir dans les pattes en plein stress de déménagement. Comment refuser une telle offre avec en plus une prescription de tendresse.

Malgré notre façon de voir la vie et nos intérêts qui se retrouvent quelques fois à l’opposé comme deux points noirs aux extrémités d’une grande ligne, il est celui qui m’apprend le plus à pêcher dans plusieurs domaines de ma vie et je lui en suis très reconnaissante.

Je pense que nos similitudes devraient être certainement la grandeur de nos égos ainsi que celle de nos âmes.
Notre générosité de cœur se ressemble, mais elle se manifeste différemment. J'imagine que notre liberté et notre indépendance sont à nos yeux ce qui relie notre amitié en nous donnant le plaisir de nous retrouver de temps en temps.

Je respire mieux à voir toutes les boites pleines s’empiler, je sens le stress et l’inquiétude s’effacer derrière moi. J’oublie la plage en fin de semaine, je profiterai des derniers jours à scanner mon appartement.

Lolo la plus que parfaite… XXX

Du besoin de disparaître de soi

Le sociologue David Le Breton explique à quel point le besoin de nous effacer devient urgent et vital

«La blancheur est un engourdissement, un laisser-tomber né de la difficulté à transformer les choses.» Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, David Le Breton est hanté depuis des années par le thème de la «blancheur». A savoir l’envie de disparaître lorsqu’on arrive à saturation, la tentation d’échapper à la difficulté d’être soi dans un monde de contrôle, de vitesse, de performance, d’apparences. Selon lui, cet état touche de plus en plus de monde. Qu’il soit conscient – marche, yoga, méditation, jardinage – ou involontaire – burn-out, dépression, alcoolisme, personnalités multiples, maladie d’Alzheimer.

Le Temps: Vous donnez de nombreux exemples de «disparition de soi», qui laissent penser que nous sommes tous concernés. Peut-on échapper à cet état?

David Le Breton: Certaines personnes y échappent car elles sont bien dans leur peau, dans leur vie. Elles ont une vie accomplie qui les mène selon leurs rythmes. Sans doute aussi ont-elles des loisirs qui leur permettent de manière modérée de se détendre de toutes les tensions. Quelqu’un qui lit, marche, jardine régulièrement… Ce sont des manières paisibles de disparaître. La personne n’aura pas l’impression de s’effacer d’elle-même. Mais une majorité de nos contemporains est dans ce fardeau d’être soi qui amène à une volonté de lâcher prise.

 Lire aussi: «Il n’y a jamais eu autant de burn-out dans les banques»

Un temps pour soi
Deux fois par semaine, nos idées pour une vie plus saine et plus simple
exemple
Très souvent, j’entends ces paroles: «J’aimerais disparaître un moment, qu’on ne s’occupe plus de moi…» Je pense qu’il y a vingt ou trente ans, on n’aurait jamais dit ça. Nous avions des responsabilités sociales qui restaient encore à la hauteur de nos compétences. Maintenant, nous sommes dans la nécessité constante de montrer que nous sommes à la hauteur. Le portable vient nous traquer dans nos moments de repos. Dans les trains, les gens crient au téléphone et racontent leur vie. Le silence devient plus rare. Un temps, il était possible de faire une sieste dans le train. Maintenant tout un univers de sonneries nous rappelle à l’ordre. On finit par craquer.

– La blancheur se définit-elle différemment chez les ados, les adultes et les personnes âgées?

 Je situe la blancheur parmi les conduites à risques de nos jeunes. Ces jeunes en errance qui disparaissent du lien social. On retrouve la blancheur dans la toxicomanie, etc. Que des millions de jeunes Occidentaux boivent, non pas pour l’ivresse, mais pour ne plus être là, c’est très révélateur. Il y a aussi les troubles alimentaires, comme l’anorexie, et l’émergence des Hikikomori, ces ados qui s’isolent dans leur chambre et n’en sortent pas pendant des années, comme s’ils étaient des moines technologiques. Ils sont en lien avec les réseaux sociaux, mais ne supportent plus les liens de visage à visage, de corps à corps. Ils ont besoin de la médiation de l’écran pour aseptiser le risque de la rencontre.

Internet a resserré la pression sur des milliards d’individus, provoquant le burn-out dans le monde du travail
Si la blancheur touche les jeunes de façon particulière, elle touche autant les personnes âgées à travers Alzheimer, ou différentes formes de démence. Mais aussi des adultes en pleine possession de leurs moyens, à travers la dépression, le burn-out… En écrivant ce livre, j’ai eu envie d’évoquer ce qui est au cœur de la littérature et du cinéma depuis des années. J’ai été frappé par l’émergence spectaculaire de cette thématique de la blancheur, dans une société où s’absenter de soi-même paraît le comble de l’improbable. On est en permanence dans l’exigence d’être soi-même, de se personnaliser, de montrer qu’on est à la hauteur etc.
A lire aussi: Pourquoi n’avons-nous plus le temps?

– Les nouvelles technologies ont donc accéléré ce que vous nommez l’engourdissement généralisé?

– Oui… Il n’y a pas si longtemps, environ une vingtaine d’années, quand on était en voyage, on écrivait juste une carte postale. On rentrait avec énormément de choses à dire, à raconter. Aujourd’hui les touristes pianotent en permanence sur leur portable pour dire à leurs proches «c’est génial». Ce qui banalise la sacralité du monde. Il n’y a plus besoin de journal intime, le SMS banalise les événements.

On est souvent aussi contraint de lire ses mails tous les jours… Il n’y a plus de possibilité de repli. Comme le dit très bien l’écrivain Emil Cioran: «Nous avons été dépossédés de tout, même du désert». Cette phrase me hante depuis toujours. J’ai vu progressivement cette zone d’intimité se réduire. Et finalement, même quand vous décidez de ne pas jouer le jeu, vous êtes poursuivi par ceux qui continuent. Internet a resserré la pression sur des milliards d’individus, provoquant le burn-out dans le monde du travail. On appelle les gens au milieu de leurs vacances, le soir… C’est la technologie de la traque.
Lire aussi: Les vraies vacances? Une semaine sans portable!

– Vous parlez du voyage comme une «suspension joyeuse de soi». Mais puisqu’il est si difficile de tirer la prise, le voyage entre-t-il vraiment dans la catégorie de la disparition?
– Tout dépend de la philosophie du voyageur. L’expérience montre que quand on a un rendez-vous dans une journée, toute la journée est organisée autour de ce rendez-vous, donc vous perdez la main sur votre existence. La marche est peut-être la manière la plus démocratique pour retrouver des moments de paix, d’harmonie, de disparition de soi. Mais une disparition de soi mesurée. On part quelques heures ou quelques jours, et les portables ont souvent du mal à fonctionner dans les endroits isolés. L’immense succès sociologique de la marche tient à cette suspension des contraintes de l’identité. Sur les sentiers, plus personne ne sait qui vous êtes, vous n’avez de compte à rendre à personne. Vous marchez à votre rythme, vous vous arrêtez… Personne ne vous rappelle à l’ordre pour un rendement que vous devez accomplir.

Des millions de gens cherchent ce moyen de tenir le coup, de résister

Le succès du jardinage est aussi lié à ça. C’est un phénomène sociologique spectaculaire. Planter des carottes pendant une heure est une manière saisissante de disparaître. D’être là sans être là. C’est reprendre le contrôle d’une existence qui, la plupart du temps, nous échappe complètement. En même temps, votre pensée va battre la campagne. L’univers intérieur voltige dans tous les sens.

– Le fait de s’aménager des moments de «disparition de soi» évite-t-il la «blancheur» négative?

– Oui! On voit se développer le yoga, la méditation, les stages de silence en monastère… Des millions de gens cherchent ce moyen de tenir le coup, de résister. Certaines personnes choisissent de s’installer dans des conditions de survie, par lassitude du monde. C’est une solitude choisie, et évidemment il y a aussi celle qui s’impose, avec l’isolement contraint. Mais beaucoup de nos contemporains cherchent la solitude, car ils sont saturés d’un lien social qui devient exaspérant.
Lire aussi: En pleine tyrannie des réseaux sociaux, peut-on encore sortir seul?

– Pouvez-vous imaginer une prise de conscience? Les gens vont-ils faire machine arrière?

– J’analyse justement l’engouement pour la marche comme un phénomène de résistance. Une manière de refuser les contraintes de l’urgence, du rendement, de la vitesse. Beaucoup de magazines avertissent nos contemporains de la nécessité de vivre à leur rythme. L’éloge de la lenteur, le slow food etc. On est environné de signaux qui nous disent de reprendre le goût de vivre, de profiter de nos enfants, de nos proches. En même temps, les formes de management du travail n’ont jamais été aussi agressives. Et les technologies viennent nous saisir là où on voulait avoir un moment de repos. Comme si on se prêtait à une servitude volontaire. En ville, j’ai l’impression d’être le seul à regarder le monde autour de moi. Les autres regardent leurs écrans. Ça ne peut que se retourner contre les individus à un moment ou un autre.

David Le Breton, «Disparaître de soi – une tentation contemporaine». Ed. Métailié, 208 pages.

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